Le parcours musical à l’école primaire – temps scolaire 

Depuis 2011, ReMuA propose des ateliers d’initiation musicale à destination d’enfants de 6 à 12 ans en temps scolaire. Ils sont menés dans des écoles bénéficiant de l’encadrement différencié, situées dans des quartiers fragilisés en région bruxelloise et à Liège.  

Contexte et enjeux

Mis en œuvre de façon durable à chaque rentrée scolaire, ces ateliers ont évolué au fil du temps, en tenant compte des contextes, envies et publics des écoles. Ils prennent aujourd’hui deux formes distinctes :  

– des parcours musicaux : ateliers de découverte de l’univers musical. Ils se déclinent en une série de thèmes variés à choisir par les enseignants et mènent à un concert de fin d’année dont le concept est co-construit collectivement par les enfants, leurs enseignants et le musicien-intervenant. 

– des parcours chant : ateliers de découverte de la pratique chorale. Les répertoires travaillés sont choisis en concertation avec les enseignants. Les ateliers mènent à un concert de fin d’année dont le concept est co-construit collectivement par les enfants, leurs enseignants et le musicien-intervenant. 

Les ateliers visent l’ouverture culturelle et à l’autre, le développement de compétences musicales, scolaires et sociales, l’amélioration de la dynamique du groupe-classe, le bien-être par la pratique musicale. 

Les enseignants sont encouragés à participer de façon active aux ateliers et à travailler sur les contenus sans le musicien-intervenant. Ils reçoivent pour ce faire des ressources exploitables. 

Les parcours viennent au service des apprentissages scolaires, mais doivent rester un moment « à part » lors duquel les enfants peuvent se sentir en dehors du cadre scolaire et pénétrer dans l’univers magique du musicien qui les accompagne. Ils stimulent la concentration, donne le goût de la réussite et de l’excellence, abordent des axes de découverte que les enseignants ne peuvent initier seuls, le tout dans des valeurs citoyennes où le « nous » l’emporte sur le « je ».   

Les objectifs poursuivis :

Le parcours musical à l’école primaire poursuit les objectifs suivants :

 1 – Court terme  

  • Objectif 1 (O1) : Apprendre les bases du chant, du rythme et du mouvement en faisant 
  • Objectif 2 (O2) : Améliorer le langage, l’articulation, étendre le vocabulaire et champ lexical 
  • Objectif 3 (O3) : Favoriser le bien-être et la confiance en soi 
  • Objectif 4 (O4) : Améliorer la cohésion et le vivre ensemble au sein du groupe classe 
  • Objectif 5 (O5) : Donner du plaisir 

2 – Moyen terme

  • Objectif 6 (O6) : Favoriser l’accès des enseignants aux ressources pédagogiques autour de l’atelier, afin d’augmenter leur capacité à agir seul en termes d’éveil musical 

Une institutrice de l’école Morinval (Liège) dont la classe de première primaire prend part à un atelier chant en 2019-2020 témoigne : « Superbe évolution tout au long des leçons. Les enfants sont de moins en moins timides ». Elle ajoute « Enormément de nouveaux mots, c’est une vraie leçon de vocabulaire à la clé, mais également une leçon de géographie, d’histoire ou de sciences tant Albane (la musicienne-intervenante) prend à chaque fois le temps de situer les chants dans leur contexte. Enfin, travailler le rythme, c’est génial pour l’apprentissage de la lecture ».  

Son témoignage reflète assez bien la grande majorité des retours des autres enseignants sur les objectifs 1, 2 et 3. Notons également quelques retours moins enthousiastes au sujet de l’objectif 2 comme le fait qu’il y a trop de nouveaux mots par atelier ou sur le fait qu’un chant travaillé n’est pas en français ou encore que le langage est « inventé ».  

L’apprentissage de la musique aurait des retombées notables sur les interactions avec les pairs et sur la facilité à exprimer ses sentiments, elle développerait le respect. C’est ce que laissent penser les nombreux témoignages d’enseignants qui expriment un taux de participation des enfants plus élevé que la moyenne lors des ateliers, une plus grande expression des enfants introvertis. Une institutrice de l’école Ulenspiegel exprime que « Les ateliers renforcent la cohésion de groupe, les enfants sont portés par quelque chose de commun. Ils apprennent à s’écouter, à baisser la voix pour entendre les autres. Les enfants s’incitent mutuellement à s’écouter l’un l’autre (en disant par exemple “chut” à celui qui parle et qui empêche qu’on entende l’autre). Au début, les enfants rigolent, se moquent un peu des sons aigus. Mais au fil des ateliers, ils apprécient vraiment de chanter. Parfois, le chant est mal vu chez eux, à la maison. Malgré cela, ils chantent et s’épanouissent pendant les ateliers ».  

C’est également l’occasion pour les enseignants de profiter d’un point de vue différent pour observer leurs élèves. Une institutrice de l’école du Tivoli exprime « les ateliers sont un moment important et riche pour moi. Je vois à quel point cela fait du bien à ceux qui éprouvent des difficultés psychomotrices. Je m’étonne aussi positivement de certaines attitudes d’enfants qui se lâchent ». 

Quant à l’objectif 5, les ressentis qui reviennent le plus souvent dans les évaluations des enfants, confirmés par leurs enseignants sont : « enthousiasme », « motivation », « impatience », « bonheur », « participation », c’est d’autant plus appréciable tant on sait que l’enthousiasme est le meilleur moteur d’acquisition des connaissances. Nous avons constaté une réception différente des ateliers en fonction des tranches d’âge. Les enfants de P1 et P2 se montrent les plus enthousiastes alors que davantage d’enfants se montrent réticents en P5 et P6.  

Une institutrice, dont la classe participe aux ateliers de chœur, souligne que « Lorsque les enfants se mettent en projet (concert de fin d’année avec l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège) et qu’ils ont accès aux ressources pour les aider à réaliser leurs fins, l’apprentissage se fait très rapidement »

De nombreux enseignants de primaire, davantage qu’en maternelle, expriment utiliser les ressources et dossiers pédagogiques transmis par les musiciens-intervenants pour prolonger les apprentissages de l’atelier, gérer leur groupe et faire le lien avec d’autres matières. Une institutrice de l’école Sainte-Alène exprime lors d’une réunion d’évaluation se servir du chant de « retour au calme » utilisé lors de l’atelier musical à des moments où sa classe est dissipée, d’autres utilisent « les images » pour illustrer un fait historique, ou les « enregistrements audio des parties instrumentales des chants » parce que les enfants le leur demandent. Quand certains enseignants ne trouvent pas le temps ou l’utilité de prolonger l’atelier en classe, d’autres font le choix de ne pas le faire afin que le moment de l’atelier reste à part et garde sa « magie ». 

ReMuA remercie vivement la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Service public francophone bruxellois, la Fondation Reine Paola, la Ville de Liège qui rend ce projet possible dans 20 écoles de Bruxelles et de Liège et touche plus de 1600 enfants chaque année.