L’impact chez les tout petits

Depuis 2016, ReMuA propose des ateliers d’initiation musicale à destination d’enfants de deux et demi à six ans en temps scolaire. Ils sont menés exclusivement dans des écoles bénéficiant de l’encadrement différencié, situées dans des quartiers fragilisés.

Contexte et enjeux

De nombreux travaux de recherche ont prouvé que les conséquences de la pauvreté se manifestent dès l’enfance, qu’elle représente un obstacle considérable au bon développement de l’enfant et que ses répercussions se ressentent bien au-delà de l’enfance et de l’adolescence. Le droit aux loisirs et à la culture, pourtant inscrit à l’article 31 de la Convention relative aux droits de l’enfant, échappe à certaines familles dont les besoins vitaux ne sont pas rencontrés. En effet, que devient le droit à la culture et aux loisirs lorsque l’énergie des parents est exclusivement tournée vers la survie ?  

Pour agir face aux constats suivants :

  • les enfants de deux et demi à six ans issus de milieux précarisés ne participent pas ou peu à des ateliers musicaux dans la sphère familiale et scolaire,
  • les enseignants d’écoles maternelles ne disposent pas de ressources pédagogiques nécessaires pour  intégrer la musique à leurs pratiques quotidiennes,

ReMuA propose ses ateliers comme outil essentiel au développement du très jeune enfant. Ils sont axés sur le langage, le rythme, ils stimulent le plaisir d’apprendre et d’aller à l’école et favorisent le développement des compétences sociales et scolaires. 

Les objectifs poursuivis :

Le parcours musical à l’école maternelle poursuit les objectifs suivants :

 1 – Court terme  

  • Objectif 1 (O1) : Donner du plaisir 
  • Objectif 2 (O2) : Favoriser l’accès à la musique et à la culture 
  • Objectif 3 (O3) : Améliorer le langage, l’articulation, étendre le vocabulaire et le champ lexical
  • Objectif 4 (O4) : Oser chanter
  • Objectif 5 (O5) : Oser bouger, s’exprimer

2 – Moyen terme

  • Objectif 6 (O6) : Favoriser l’accès des enseignants aux ressources pédagogiques autour de l’atelier, afin d’augmenter leur capacité à agir seul en termes d’éveil musical
  • Objectif 7 (O7) : commencer l’éducation musicale à l’école maternelle pour favoriser l’acquisition d’une série de compétences avant l’entrée à l’école primaire

Les chiffres très positifs produits par notre évaluation auprès des enseignants et les conclusions que nous pouvons tirer de nos observations et expériences sont étayés par les travaux de recherche menés depuis une trentaine d’années par de nombreuses équipes universitaires. Tous soulignent les bénéfices de l’éducation musicale auprès des enfants ayant été initiés à la musique très tôt, dont l’apprentissage du langage, la gestion des émotions et de l’anxiété, le développement des fonctions motrices seraient favorisés. Une institutrice de l’école des Bruyères (2019-2020) témoigne : « ils apprennent à s’écouter et à respecter les temps d’écoute ou de parole de chacun », une autre « les plus introvertis osent s’exprimer durant l’atelier ».

Nous avons obtenu des retours encourageants récurrents de la part d’enseignants de première primaire attestant que les enfants qui avaient bénéficié d’une initiation musicale à l’école maternelle présentaient davantage d’habiletés cognitives, langagières, psychomotrices et sociales que ceux qui n’en avaient pas bénéficié. Ces données sont également confirmées par plusieurs de nos musiciens qui interviennent en primaire. Comme le confirme Philippe Ector, directeur de l’école Emile André, « l’équipe pédagogique constate que les enfants de maternelle ayant participé aux ateliers musicaux ont à leur arrivée en primaire un bagage musical et rythmique. ReMuA a amené un contenu musical à l’école. L’asbl participe aussi à faire entrer la culture et l’art dans l’école, ce en quoi les enseignants ne sont pas nécessairement experts. »

Les taux de satisfaction issus des évaluations 2020-2021 laissent également penser que le nouveau concept et le nouveau séquençage d’ateliers, créés durant le premier confinement, a donné satisfaction puisqu’ils sont en moyenne plus élevés que l’année précédente. Les retours des enseignants sont généralement très positifs. « L’adaptabilité de ReMuA est très appréciée, les ateliers Accueil/M1 et M2/M3 sont beaucoup plus adéquats, on évite ainsi les grandes différences entre les âges et les contenus sont tout à fait précis », témoigne une institutrice de l’école des Bruyères. C’est également certainement à mettre en lien avec le fait que les musiciens encadrant ces activités sont invités depuis la rentrée de septembre à suivre une formation spécifique à ce jeune public.

Il nous reste néanmoins du chemin à parcourir pour favoriser l’accès des enseignants aux ressources pédagogiques autour de l’atelier, certains ayant déploré n’y avoir pas eu accès « suffisamment tôt », « les trouvant peu adaptées à l’âge des enfants » ou encore « difficilement exploitables par un non-musicien ». Une autre piste d’amélioration serait également, pour satisfaire la demande répétée de certaines équipes enseignantes, de développer des ateliers destinés aux classes verticales à 3 niveaux.

ReMuA remercie vivement VIVA FOR LIFE – CAP 48 qui rend ce projet possible dans 10 écoles de Bruxelles et de Liège et touche plus de 1200 enfants chaque année.